LES CRITIQUES DE L'ALBUM.
- Sur le site BDparadisio :
Ce n'est pas la première fois que la BD se met en abîme. Qu'on
pense au récent « Cycle » d'Etienne Lécroart, par exemple. Mais
la voie choisie par Turf -et qui l'éloigne considérablement
de « La nef des fous »- est ici particulièrement originale.
Un gribouillis se réveille dans un catalogue de vente par correspondance
et s'avère être incapable de communiquer avec les objets qui
l'entourent. Commence une aventure parfois loufoque souvent
poétique où l'auteur s'amuse à détourner les codes et les objets.
Une fable sur la différence, aussi. Tous les personnages du
catalogue tiennent leur rôle à merveille et permettent à Turf
de jongler avec les techniques de dessin. Evidemment, vient
cet étrange moment où le récit bascule, part vers le conte fantastique.
Mais que fait là ce château et sa princesse en poupée aveugle
? Patience, ami lecteur. Avec un machiavélisme qu'on lui pardonnera,Turf
te donnera la réponse... après la dernière page ! D'une grande
inventivité, d'une jolie richesse graphique, ce beau livre montre
que l'auteur n'est pas enfermé dans l'univers qui a fait sa
réputation (et auquel, soit dit en passant, je n'ai rien à reprocher).
Un bel exemple d'exercice de style qui débouche sur autre chose
qu'un objet à la seule beauté formelle. Sans les quelques longueurs
parfois un peu dures à passer, c'eût été parfait !
Thierry Bellefroid.
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"..Bizarre, comme c'est étrange...!"
C'est l'histoire d'un petit gribouillis comme ceux que l'on
fait en pensant à rien. Un jour, suite à une insupportable démangeaison,
ce gribouillis se réveille, et part à la découverte de son nouvel
univers. Un monde étrange, envahi de personnages très bien dessinés,
mais le plus souvent fort mal disposés à son égard. Notre petit
héros ne le sait pas, mais il se trouve dans les pages d'un
catalogue comme ceux des anciennes manufactures des armes et
cycles de Saint-Etienne...
Depuis 10 ans, avec la Nef des Fous, on connaissait Turf
pour son dessin plein de décors et de belles couleurs. Et voilà
qu'il nous revient avec un personnage minimaliste évoluant dans
un monde en noir et blanc! Pour cette révolution réussie, l'auteur
retrouve cependant d'autres points forts, comme sa capacité
à créer des univers décalés, pleins de poésie et d'humour. Notre
petit gribouillis va en faire l'expérience au fil d'un récit
particulièrement original de plus de cent pages, ponctués d'inoubliables
rencontres...
Canal BD.
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Les premières impressions sur Gribouillis, elles se
font dès la prise en main de l'album : Gribouillis est
épais, 120 pages de noir et blanc, en grand format. Du Turf
pendant 120 pages, soit l'équivalent en nombre de planches de
2 albums et demi de la Nef des Fous. Un rêve !
L'histoire, c'est celle d'un gribouillis gribouillé sur une
page d'un gros catalogue de vente par correspondance et qui
prend vie, grâce à une puce de gribouillis. Capturé par un diable
en boîte, il se promène et découvre au fil des pages les autres
objets du catalogue, poêles, poupées, draps fantômes, eux aussi
animés .
Et nous voilà en quelques planches transporté dans un
univers original et personnel dont Turf a le secret. Original,
parce que le monde et les personnages peints dans cet album
ne ressemblent à aucun autre : des poêles qui votent, des draps
fantômes policiers, un diable magicien, et tous évoluent dans
les pages d'un vieux catalogue et dans un no one's land étrange.
Personnel, parce qu'on retrouve les thèmes que Turf
affectionne : des baguettes magiques, des jouets animés,
de la tendresse et de la poésie.
Gribouillis, c'est rempli de bonnes idées, qui proviennent
du fait que les personnages évoluent dans un catalogue : passage
entre les pages, descriptions des objets trufées d'humour,
et d'autres surprises encore.
Visuellement, c'est très beau. Le dessin en noir et blanc est
précis (même pour les gribouillis :) et efficace. Les planches
regorgent de trouvailles graphiques ( effets de perspetives
avec le train, vortex ) et d'innovations narratives : les pages
de gardes par exemple sont partie intégrantes de la BD, elles
participent vraiment à la comprehenssion de l'histoire. Mieux
que ça, elles apportent une grande partie des réponses aux questions
que le lecteur se pose encore à la dernière planche.
Turf se paie même le luxe de produire un album non linéraire
: une fois l'album lu, on comprend le dialogue entre les 2 fantômes
des pages de garde du début et sur le quatrième de couverture,
..
Et si vous trouvez la fin de l'histoire un peu triste, avant
de verser des larmes, il faudra attendre de voir la fin inédite
que Turf nous reserve pour le tirage de tête de Gribouillis
prévu chez forbidden zone.
Fabien Bourg
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BoDoï 63_ mai 2003
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Et Dieu y reconnaîtra les chiens...
Imaginez une page blanche sur laquelle on a dessiné
un gribouillis. Bien. Imaginez ensuite que ce gribouillis se
mette à prendre vie et adopte la forme d'un chien. Un
chien muet de surcroît. Bon. Imaginez enfin que ce chien-gribouillis
se rende compte qu'il a été crée dans les
pages d'un catalogue d'objets hétéroclites - radiateurs,
poupées, draps, jouets...- et que ces objets prennent
vie eux aussi. Imaginez enfin qu'un diablotin vienne mener la
vie dure au gribouillis qui n'aura de cesse de s'enfuir. Eh
bien, vous aurez une petite idée du nouvel album de Turf.
Et si, comme lui, vous aimez Alice au pays des merveilles
ou Tim Burton, vous serez comblé à la lecture
des cents vingt pages de ce pavé fantastico-poétique
qui mêle différentes techniques graphiques ( crayon,
découpage...). Si, par contre, votre tendresse s'arrête
aux problèmes de coeur de Largo Winch, vous risquez
de trouver un poil indigeste les aventures bavardes de ce gribouillis
muet.
NP
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