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Une journée avec Turf
Départ de Toulouse le samedi 25 janvier à 6 heures du matin, arrivée à Angoulême 3 heures et demie plus tard. Pas besoin de faire la queue pour les tickets, je les ai déjà acheté par internet. Bref, je me dirige vers la Bulle New York, celle où il y a tous les fanzines et les librairies spécialisées. Avant d'entrer, je téléphone comme convenu chez Turf, Nadège _sa femme_ me répond d'une voix endormie _mince je viens de la réveiller_ " Il est déjà sur Angoulême " me dit-elle. J'essaie sur son portable, personne. La journée commence mal… Je rentre dans la bulle, je visite les stands à droite, à gauche, je vais voir le stand d'Eliane (Forbidden Zone), toujours pas de Turf. Bon, je vais faire un tour, voir les fanzines, et tout le reste. Quand je repasse devant le stand d'Eliane, Turf est là, il discute avec Cédric _le mari d'Eliane_ je vais attendre. 10 minutes plus tard, la conversation est finie, je respire un grand coup, et je m'avance vers lui. Il me reconnaît. _ouf_. Il me se serre la main. Il me demande si je n'ai pas trop attendu _sympa_, et ce que je veux faire, je lui réponds que j'ai amené de quoi faire une interview et des photos, mais qu'on fera comme lui veut. Je le suis donc dans une bulle du champ de Mars _une de celles où il y a les dédicaces_, on prend l'entrée VIP _cool_. Il doit voir une personne avec à qui il doit échanger des pixies de OUMPAH PAH, de Uderzo.
Il m'emmène ensuite dans une librairie du centre ville, Isabelle Dethan y dédicace, elle sera rejointe par son mari, Mazan. Dans la vitrine de cette librairie est exposé le prototype de l'élastomobile de Clément, elle est immense, 32 cm. Je prends quelques photos, lui demande combien elle sera vendue : 1600 francs. Je trouve que c'est un peu cher, lui m'explique qu'elle ne sera tirée qu'à 50 exemplaires, et que c'est la première fois qu'il va gagner un peu d'argent sur une statuette, puisque pour les autres résines, on lui a demandé de réaliser des illustrations qu'on ne lui a pas payée : certificats ou décors par exemples qui complètent les statuettes. En marchant, il me parle de Christophe de BDmotion, qui a trouvé chez un libraire, une fausse dédicace de Turf, ça le fait sourire : je lance " C'est la rançon du succès !". Je lui apprends que ses albums dédicacés se vendent très cher sur les sites d'enchères d'internet, surtout le tome 1 en édition originale. On discute de dédicace : cette année, il en fera peu à Angoulême : il doit travailler sur Gribouillis, mais est quand même annoncé sur le stand de AIDS, une association qui lutte contre le SIDA ; bon, il a oublié de s'y rendre la veille, mais la séance sera reportée au lendemain 5 heures. Il me parle ensuite d'une mauvaise expérience : le festival de Versailles, _j'en ai entendu parler sur internet_ une foule de gens venue pour avoir des dédicaces, il ne peut pas tous les satisfaire, alors il distribue des tickets pour le lendemain : le problème, c'est que le lendemain, il y a à nouveau plein de monde : ceux avec les tickets, et les nouveaux venus qui sont pour certains arrivé à 4 heures du matin. Impossible de faire toutes les dédicaces, les gens ont râlés forcément.
On arrive à un bâtiment qui ne paie pas de mine, c'est l'atelier Sanzot, situé un peu plus loin : 2 étages, une ambiance un peu 'squat' avec des gobelets de cafés vides un peu partout, des dessins et des affiches au mur, et pleins de BDs. Au deuxième étage, il y a les tables à dessiner de Mazan et d'une coloriste, il m'explique qu'il va peut-être revenir travailler à l'atelier, et que ce bureau tout en bordel deviendra le sien. Là il déballe sa sacoche : elle contient une trentaine de planches originales de Gribouillis, elles sont magnifiques. Ils m'explique comment elles sont réalisées et détaille les différentes étapes (découpage, encrage, photocopieuse, caches pour pas que le fusain salisse tout ), je ne comprends pas grand-chose, mais le résultat est là : c'est beau, et j'ai hâte de lire l'histoire. Au dessus de nous, il y a l'agent du Sanzot, qui trouve des contrats aux dessinateurs de l'atelier en échange d'une commission, c'est son bureau qui est le mieux rangé, il s'occupe entre autre de la commercialisation des élastomobiles, il y en a déjà 2 de vendues, et 2 en pré commande. " Ça permet de lancer la production doucement ! " lance t-il. A l'étage au dessous, il me montre le 'carrelage de la discorde', qui était à l'origine d'une petite humeur au sein du Sanzot: _il faut avoir lu l'interview de Turf dans le bouquin du Sanzot pour comprendre, ici _ C'est rigolo toutes ces histoires ! On change d'endroit, il me propose d'aller visiter
une expo. J'aimerai bien voir celle de Schuiten, lui celle
du musée Ferraille, on lui en a dit du bien. Ce sera donc Ferraille,
et je ne regrette pas… L' expo est très réussie, et on reste de
longues minutes à faire le tour de la maquette de trains qui comporte
milles détails sanglants. Sur le chemin du retour, je lui demande s'il va y avoir un nouvel hors série, construit comme celui qui vient de sortir sur Sillage, il me dit que ça ne l'intéresse pas de faire un catalogue _changeons de sujet_ Il est déjà 11 heures et demie, je commence à avoir faim, Turf me propose d'aller manger, c'est ok pour moi. On va 'Au Bureau', une sorte de pub qui sert des pizzas. En chemin, une personne interpelle Turf. Un fan qu'il a un peu oublié, qui lui a acheté des originaux quelques années auparavant. Ils n'ont pas grand-chose à se dire _c'est marrant_ On arrive au resto, on s'installe à une table, je sors le magnétophone et le micro _un coup de bol que j'en ai trouvé un_ et ma liste de 50 questions. On commande, ce sera 2 pizzas : napolitaine, avec un jus de tomate pour Turf, 3 fromages et un demi pour moi. Turf m'avoue qu'il n'a pas le droit de manger des trucs à base de lait, mais que de temps en temps, il se fait plaisir de rompre cette règle _aïe !_. Je commence l'interview, c'est une première pour moi, je suis trop concentré sur mes questions, et je n'arrive pas à rebondir sur ses réponses _pourvu qu'il soit indulgent_ Les plats arrivent, je mets de côté le matos, on reprendra plus tard, et on discute. Les BDs mises en couleur à l'ordinateur ? Il n'aime pas trop et de toute façon, ça ne va avec son dessin. Il aime tout de même les couleurs de Sillage _moi aussi_ mais il apprécie particulièrement le travail de Walter, coloriste sur la série Donjon. Il aime moins la série Donjon, qui au début se voulait une parodie d'héroic fantasy, mais qui a maintenant épousé le genre. _dommage, j'aurai bien aimé un Donjon fait par Turf_ On enchaîne sur le fait qu'il va réintégrer l'atelier Sanzot. Il m'explique que beaucoup de gens de l'atelier sont partis, et qu'il ne reste que ceux du début _les meilleurs_, et qu'il pense y venir travailler quelques jours par semaine.
Pavillon Rouge ? Il aime bien et le lit tous les mois, mais ne s'y reconnaît pas : " Il y a pleins de BDs avec des flingues et colorisées par ordinateur, et au milieu, tu trouves un poisson rouge qui joue au poker avec un chat. _référence à une histoire courte de Turf publiée dans pavillon rouge_, il y a comme un malaise là, non ? - heu, oui. " _j'aime bien, moi, lire Turf dans Pavillon Rouge_ Un internaute qui a appelé son fils Clément ? Il est plutôt content, il aimerait bien lui envoyer un truc, mais il n'a pas trop le temps : il m'explique qu'il a des tonnes d'albums de libraires et d'amis à dédicacer. " Une dédicace à la maison, ça prend une heure, et ça bouffe pas mal d'énergie !" il préfère la mettre dans les planches de ses albums _je suis entièrement d'accord_. On boit le café, on sort : direction chez lui à 15 minutes d'Angoulême, on doit y finir l'interview. Sur le chemin du parking, on croise Jean Luc Loyer : serrage de main, ils papotent quelques minutes de la soirée Delcourt. On reprend la marche : Je lui demande si Delcourt n'est pas trop dégoûté de n'avoir eu qu'un seul prix, alors qu' ils étaient nominés pleins de fois _je pense à De Cape et de Croc T.5, qui a raté le prix des meilleurs dialogues_ " Delcourt ? non ! Ils sont super content d'avoir eu le prix ! Ils ont travaillé sur le bouquin de Chris Ware pendant 1 an pour l'adaptation! " On arrive au parking, Turf conduit un 4x4 Toyota, il m'explique qu'il s'y sent un peu plus en sécurité : il a eu un accident en allant faire une brocante il y a un an, une personne âgée qui roulait trop vite dans un endroit où il n'y avait pas de visibilité, ils se sont rentrés de face… rien de trop grave, mais la voiture a été bonne pour la casse. J'en profite pour lui dire que j'ai très peur en voiture, il me répond qu'il roulera doucement _ouf_
Sur la route, on discute entre autre du calendrier Delcourt avec les auteurs nus : ça n'a pas vraiment eu de succès, certains libraires ont même refusé de le distribuer : " Ils veulent des illustrations ". Mais, l'opération a été pas mal relayée dans la presse. Son expérience ? Plutôt positive, même s'il n'a pas aimé la photo choisie _lire l'interview pour plus d'infos_. Sa photo préférée ? Celle de Mazan, " mais il avait amené la carte et la baguette, et avait travaillé sa pose !". J'apprends que Claire Wendling n'a pas du tout aimé : elle reproche à Delcourt d'avoir fait un plan serré sur ses seins _je confirme le plan serré :)_ et a failli tout casser chez Delcourt quand elle a vu le résultat _waouw_ On arrive chez lui, je savais qu'il habitait un moulin, mais je pensais bêtement qu'il s'agissait d'un moulin à vent _comme ceux qu'il y a dans la nef_. Bon, c'est un moulin à eau _je suis un peu déçu_ il y a donc même une rivière qui passe sous sa maison _ cool_ On rentre, il me présente Nadège et ses 2 filles, j'en profite pour m'excuser d'avoir réveillé Nadège le matin au téléphone. Je repense alors à ce que Turf m'a dit : Nadège travaille de 21 heures à 2 heures du matin, elle fait le lettrage de plusieurs albums Delcourt, après s'être occupé de la petite dernière, Manon. C'est pour ça qu'elle dormait encore ce matin à 10 heures.
On monte à l'étage, là où il y a son atelier : c'est incroyable ! Il y a des vitrines avec pleins d'objets Turf, y a même des statuettes que j'ai jamais vues, réalisées par des fans. Il y a des cartons et des dessins partout, 2 guitares électriques avec un ampli, des CD, une planche de Gribouillis qui est pas tout à fait finie sur la table à dessin, des jouets en plastique sur le étagères. _quel bordel_ Je lui demande si je peux prendre tout ça en photo " Oui, oui, vas-y. -Même le bordel ? -Oui, pas de problème " Il faut dire, que dans l'élaboration des planches de Gribouillis, il y a pas mal de découpages, et ça fait de suite des papiers partout. Je le fais poser devant sa table à dessin pour d'autres photos, j'en profite pour photographier quelques planches de Gribouillis _j'espère qu'elles ressortiront bien pour le site_ La cerise sur le gâteau : il m'apporte les 12 premières planches du tome 5 de la Nef des Fous _un quart de l'album est fini, chouette_. Elles sont superbes : on retrouve le Roy, la Reine avec un décolleté plongeant _un peu d'érotisme dans la Nef ?_ le robot, les schloumfs, Arthur. J'en prends 2 en photos. _je ne sais pas ce que ça va donner, je croise les doigts pour que les photos soient bonnes_.
Il m'explique ensuite la construction des planches qui comportent des polaroïds du Petit Roy. Une anecdote rigolote : de petits insectes ont mangé les pâtes qui se trouvaient sur les planches du rêves qu'on retrouve dans le hors série. Il reste de petits trous. Turf me dit qu'il va faire réaliser des moulages en résines pour les remplacer. Il me montre ensuite ses collections de jouets, il en a des vitrines pleines. Je suis ignare en la matière, mais je trouve ça rigolo. Je prends encore des photos de ses 'Battery Toys' : ce sont de gros jouets à piles qui font des mouvements d'automates. Il me montre ses vieux Tintin, je photographie sa collection de BD. Puis direction la cuisine, en bas, on va finir l'interview
: je branche le micro et c'est parti. On parle de Gribouillis,
je crois entendre au détour d'une question qu'il y aura un concours
à la fin du bouquin, mais je ne réagis pas tout de suite, je suis
trop concentré sur la prochaine question. _dommage, j'aurai voulu
en savoir plus_ Une bonne heure plus tard, c'est fini. Je remercie
de tout cœur pour l'accueil, et pour les ex-libris qu'il a donné
pour moi et pour faire un concours sur le site. Il me ramène sur
Angoulême. C'est déjà 17 heure 30 _c'est passé beaucoup trop
vite_
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